Motoneige : une entente met fin au blocus de l'UPA
Écrit par David Patry-Cloutier
Vendredi, 17 décembre 2010 13:50
Mise à jour le Vendredi, 17 décembre 2010 16:36
Bonne nouvelle pour les amateurs de motoneige: l’Union des producteurs agricoles et le gouvernement du Québec en sont finalement arrivés à une entente, vendredi matin, permettant ainsi de lever le blocus qui sévit depuis le début de la saison.
Depuis novembre, les motoneigistes n’ont pas accès à la plupart de leurs sentiers habituels. Les agriculteurs avaient un mot d’ordre de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de ne pas octroyer de droits de passage aux clubs de motoneige de la province.
Le syndicat entendait ainsi faire pression sur le ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, cette décision ayant pour effet de ralentir fortement l’industrie de la motoneige et du VTT. Les retombées récréotouristiques de ces activités hivernales sont évaluées à 1,3 milliard de dollars par an.
Un compromis
L’imbroglio tournait autour de la réforme de l’assurance stabilisation du revenu agricole. La Financière agricole entendait procéder à des coupes, que l’UPA estime à environ 80 millions de dollars. Une décision qui a généré la colère des agriculteurs.
«On évaluait qu’ils n’avaient pas à passer cette mesure-là pour respecter leur budget», explique le conseiller aux affaires publiques de l’UPA, Patrice Juneau. Selon lui, la Financière agricole générerait des surplus avec cette décision.
Finalement, l’accord conclu vendredi prévoit que la mesure controversée reste en place. Mais les agriculteurs ont obtenu du gouvernement un engagement ferme à ce que les surplus du programme, s’ils s’avèrent, soient redistribués aux producteurs touchés.
«Il n’a jamais été dans notre intention de faire des économies avec l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), puisque nous nous sommes engagés envers le monde agricole à hauteur de 4,25 milliards de dollars pour les cinq prochaines années», a affirmé le ministre Lessard.
Toutefois, le modèle des coûts de production de l’ASRA devait être revu afin de tenir compte davantage des signaux du marché et de la capacité de payer des Québécois.»
Soulagement
Du côté des associations touristiques, on se dit soulagés de ce règlement qui survient tout juste avant les congés des fêtes.
Ce conflit leur laisse toutefois un goût amer dans la bouche. «Pourquoi les producteurs agricoles ont-ils fait porter l’odieux de leur stratégie de négociation aux entreprises touristiques qui sont, par ailleurs, des partenaires de longue date? La confiance est ébranlée et il faudra du temps et une certaine maturité pour rebâtir les ponts», a affirmé le président, Jocelyn Carrier.
Celui-ci souhaite une rencontre avec l’UPA afin de s’assurer qu’une telle situation ne se reproduise plus.
De son côté, l’UPA défend son moyen de pression. «Ça fait presque un an qu’on discute avec le gouvernement. Tout a été essayé. Manifestations, pétition, rencontres avec le ministre, études actuarielles indépendantes, tout. Ce n’est pas un moyen de pression que les agriculteurs ont pris de gaieté de cœur. Mais on peut penser que ça a fait la différence dans le dossier», affirme Patrice Juneau.
Ouverture imminente
Dans les clubs de motoneige, la nouvelle a été accueillie avec joie. «Les droits d’accès ne se vendaient pas à cause de l’incertitude, indique le vice-président du Club Motoneige Bon Vivant, Stéphane Amireault. C’est une bonne nouvelle pour les clubs, mais aussi pour les restaurants, les auberges, les stations-service. Tout le monde va sortir gagnant de ça», dit-il.
«Dès demain matin, on va sortir la machinerie pour préparer les sentiers. Il ne manquerait plus qu’un peu de froid pour que les rivières gèlent, encore plus de neige et tout va être beau», conclut cet amateur. À L’Assomption comme ailleurs au Québec, les motoneigistes pourront regagner leurs sentiers dans les prochains jours.